STEPHANIE GOUCHAULT, accompagnement des 15-30 ans.

Quand le manuel reprend le pas sur le digital


Et si la vraie révolution du travail, ce n’était pas l’IA… mais le retour au concret ?

Depuis plus de vingt ans, l’informatique et le numérique sont perçus comme les moteurs indiscutables de la modernité. Développeurs, chefs de projet, experts en data ou cybersécurité… ces métiers symbolisent la réussite, la stabilité, le futur. Mais aujourd’hui, un vent de changement souffle sur le marché de l’emploi.

Selon l’APEC, les recrutements de cadres dans l’informatique ont chuté de 18 % en 2024. Un recul inédit pour un secteur longtemps jugé intouchable. Pendant ce temps, les métiers dits “manuels” — artisans, techniciens, électriciens, mécaniciens, métiers du bâtiment ou de la maintenance — sont en pleine expansion.

Ce basculement n’est pas anodin : il dit quelque chose de profond sur nos aspirations collectives et sur les mutations du travail.

Le paradoxe du numérique : trop de digital, pas assez de concret

L’intelligence artificielle, l’automatisation et les délocalisations ont profondément modifié les contours du travail dans l’informatique. Certaines tâches sont désormais prises en charge par des algorithmes, d’autres sont externalisées à moindre coût. Résultat : moins de postes, plus de concurrence, et parfois un sentiment d’usure dans des métiers qui, malgré leur image moderne, peuvent devenir très abstraits.

À l’inverse, les métiers manuels résistent — et même, se réinventent. Ils nécessitent une présence physique, un savoir-faire concret, une intelligence du geste que la machine ne remplace pas.

Là où l’on pensait que le futur serait “tout numérique”, on redécouvre l’importance du faire : réparer, construire, produire, entretenir.

Pourquoi les métiers manuels montent en puissance

  • Des compétences non automatisables : les métiers du bâtiment, de la maintenance, de l’énergie, de la logistique ou de l’artisanat reposent sur des gestes précis et des décisions humaines.

  • Une quête de sens : de plus en plus de salariés cherchent à “voir” le résultat de leur travail, à retrouver une utilité tangible.

  • Des voies de reconversion accessibles : CAP, apprentissage, formations courtes… ces parcours offrent souvent un retour rapide à l’emploi et une satisfaction durable.

  • Une réalité économique forte : ces métiers répondent à des besoins essentiels, non délocalisables, ancrés dans les territoires.

Ce que cela change pour l’orientation et la reconversion

Ce mouvement ne signifie pas la fin du numérique, mais la fin de son monopole symbolique. Nous entrons dans une ère où la valeur d’un métier ne se mesure plus seulement à sa technicité ou à son niveau d’études, mais à son impact réel.

Chez Hope Conseil & Coaching, nous voyons chaque jour des profils issus du digital, du marketing, de la communication ou de la gestion, qui expriment un besoin de revenir à quelque chose de concret :

« J’ai envie de voir ce que je fais. » « Je veux créer, fabriquer, aider, réparer. » « J’ai besoin d’un métier utile. »

Ces mots reviennent sans cesse. Ils traduisent une forme de fatigue face à l’abstraction, mais aussi un désir d’équilibre, de cohérence et de sens.

Comment se réorienter concrètement

Réfléchir à une reconversion vers un métier manuel ne veut pas dire “tout plaquer”. C’est avant tout une démarche d’exploration : se connaître, comprendre ses compétences transférables, identifier les secteurs porteurs, et tester la réalité du terrain.

C’est précisément ce que j’accompagne au quotidien à travers mes bilans d’orientation et mes coachings personnalisés. Mon rôle n’est pas de “vendre” une solution miracle, mais d’aider chacun à trouver son alignement entre envies, compétences et réalités du marché.

En conclusion : réconcilier le digital et le manuel

Opposer l’un à l’autre n’a plus de sens. L’avenir appartient sans doute à ceux qui sauront articuler les deux mondes : utiliser les outils numériques pour valoriser le savoir-faire manuel, et mettre du concret dans les métiers intellectuels.

Ce n’est pas une régression, mais une évolution. Celle d’une société qui redonne de la valeur à l’humain, au geste, à la transmission.

Alors oui, peut-être que la vraie révolution du travail, ce n’est pas l’IA… Mais le retour au concret.


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